Le protocole Bitcoin n’a jamais cédé à la tentation de la surenchère : la limite reste inébranlable, 21 millions. Depuis le premier bloc en 2009, plus de 19,7 millions de bitcoins ont déjà trouvé preneur parmi les mineurs. Moins de 1,3 million attendent encore leur tour. À chaque halving, la récompense pour les mineurs se réduit, rendant la quête toujours plus ardue, presque ascétique. Ce ralentissement, inscrit dans le code, n’est pas un simple frein : il façonne le rythme même de la création monétaire.
Extraire les derniers bitcoins ne se fera pas en un claquement de doigts. La compétition entre mineurs s’intensifie à mesure que la récompense décline. Rentabilité, choix technologiques et contraintes énergétiques redessinent le paysage à chaque étape. Les décisions prises aujourd’hui pèseront lourd : elles orientent l’équilibre entre la sécurité du réseau, les incitations à miner, et l’attrait du bitcoin comme actif d’investissement.
Combien de bitcoins restent à miner et pourquoi ce chiffre compte aujourd’hui
Le compteur tourne sans relâche. Sur les 21 millions de BTC prévus par le protocole, moins de 1,3 million restent à découvrir. La rareté n’est plus un concept abstrait : elle s’impose à chaque bloc validé. Le Bitcoin pensé par Satoshi Nakamoto repose sur une règle d’émission inviolable. Aujourd’hui, après le halving du printemps 2024, chaque nouveau bloc rapporte 3,125 BTC aux mineurs. Les 50 BTC du premier bloc ne sont plus qu’un souvenir de pionnier.
Ce qui reste à miner ne relève pas d’un simple décompte technique. C’est la colonne vertébrale économique de la cryptomonnaie. La rareté prévue d’avance, la transparence du code, l’anticipation des marchés : chaque bitcoin créé ravive l’appétit des mineurs et la spéculation des investisseurs. La blockchain fonctionne sur la preuve de travail, exigeant puissance informatique et maîtrise énergétique.
Pour saisir l’état des lieux, voici les chiffres clés qu’il faut avoir en tête :
- Quantité de bitcoins extraits : plus de 19,7 millions.
- BTC restants à miner : moins de 1,3 million.
- Bloc actuel : récompense de 3,125 BTC.
Ce solde attire aussi bien les institutionnels que les mineurs indépendants. À mesure que les crypto-monnaies s’installent dans la finance globale, la tension entre une offre verrouillée et une demande grandissante ne fait que croître. La rareté n’est plus un slogan : chaque bloc ajouté à la chaîne la rend concrète.
Halving, rentabilité et défis : ce qui façonne le minage de bitcoin en 2024
2024 n’a pas seulement marqué un nouveau chapitre ; elle a redistribué les cartes du jeu. Le halving du printemps a divisé par deux la récompense de minage, redéfinissant l’équilibre précaire de la rentabilité. Désormais, chaque bloc validé par les mineurs ne rapporte plus que 3,125 BTC. Cela force chacun à réévaluer ses priorités, à surveiller le prix du bitcoin et à calculer le poids des frais de transaction comme jamais auparavant.
En coulisses, la difficulté de minage, réajustée tous les 2016 blocs, pousse les opérateurs à investir dans des machines toujours plus puissantes, comme les ASICs de dernière génération. La facture énergétique grimpe en flèche, la réglementation évolue sans cesse, la volatilité du marché ajoute une incertitude permanente. Pat White (Bitwave) résume la situation : certains mineurs ne passeront pas ce cap et devront se retirer.
Le coût de l’énergie prend une place grandissante dans la stratégie des exploitants. Les plus habiles se rapprochent de sources d’énergie renouvelable pour alléger leur budget, tout en répondant aux critiques sur l’empreinte carbone du minage de bitcoin. Les pools de minage se multiplient, chacun cherchant à mutualiser la puissance de calcul et à lisser les fluctuations liées à la volatilité du prix du BTC.
La dimension technologique, désormais, se double d’un impératif réglementaire. Les grandes sociétés financières et de gestion d’actifs affichent leurs ambitions, de BlackRock à Fidelity, accélérant l’arrivée des investisseurs institutionnels. Nick Hansen (Luxor Mining) et Jaran Mellerud (Hashrate Index) voient déjà le jour où, une fois le dernier BTC extrait, les frais de transaction assureront la relève pour rémunérer les mineurs.
Quels horizons pour les mineurs et les investisseurs face à la raréfaction du bitcoin ?
Le compte à rebours accélère ses battements. Moins de deux millions de bitcoins restent à créer, puis plus rien, le plafond programmé ne bougera plus. Cette rareté programmée rebat les cartes : chaque bloc rapproche la communauté de la barrière finale, excitant la spéculation et attirant les mastodontes de la finance. Avec l’arrivée de nouveaux véhicules d’investissement validés par la SEC, le profil des acteurs change rapidement, fonds spécialisés, banques privées et family offices repensent leurs allocations.
Pour les mineurs, la pression ne relâche jamais. La récompense qui fond les pousse à innover sans répit. Les groupes cotés comme Riot Platforms choisissent souvent d’élargir leur champ d’action et de diversifier leurs activités. D’autres misent sur la rupture technologique ou poursuivent une stratégie d’optimisation énergétique, scrutés par des régulateurs de plus en plus exigeants.
Face à cette raréfaction inéluctable, les investisseurs renouvellent leurs stratégies. Voici un aperçu des principales approches aujourd’hui :
- Passer à l’achat direct de crypto-monnaies ;
- S’orienter vers les actions de sociétés minières, une démarche régulièrement valorisée, notamment à l’approche de chaque halving ;
- Recourir à des produits financiers comme les ETF, qui facilitent l’accès à la valeur du bitcoin.
La finance décentralisée (DeFi) et la tokenisation d’actifs élargissent encore la palette : nouveaux supports, nouvelles ambitions. En France, d’après l’AMF, 6,5 millions de personnes détiennent déjà des cryptomonnaies. De l’autre côté du continent, la Russie voit dans ces actifs une façon de contourner le dollar. D’un bloc à l’autre, les lignes ne cessent de bouger. Cette rareté arithmétique, gravée dans le code, continue de redistribuer les cartes à chaque validation de bloc. Qui peut dire ce que donnera l’ultime bitcoin ? Les paris restent ouverts, mais le chapitre, lui, reste à écrire.