Épargne par tranche d’âge : les repères financiers essentiels

En France, plus de la moitié des moins de 30 ans déclarent ne pas posséder d’épargne régulière, alors que, passé 50 ans, près de 80 % des foyers détiennent au moins un produit d’épargne. L’écart se creuse dès le premier emploi, sous l’effet de choix budgétaires contraints et de priorités concurrentes.

Les dispositifs d’épargne retraite, pourtant accessibles dès le début de carrière, restent largement sous-utilisés avant 40 ans. Certains placements, recommandés à 25 ans, deviennent inadaptés à 55 ans en raison du risque et de l’horizon de placement. Les repères financiers évoluent, mais les habitudes, elles, persistent.

Où en sont les Français dans leurs habitudes d’épargne selon l’âge ?

Regarder de près l’épargne par tranche d’âge, c’est découvrir des écarts saisissants. D’entrée de jeu, le taux d’épargne augmente nettement avec l’âge. Avant 30 ans, il ne dépasse pas 8 %. Entre 40 et 49 ans, il monte à 11 %, puis franchit les 18 % autour de la cinquantaine pour culminer à 25 % chez les plus de 70 ans (INSEE). Et quand on parle montants, la différence saute aux yeux : un moins de 30 ans possède en moyenne 1 638 €, alors qu’un senior de plus de 70 ans approche des 8 657 €.

Pour mieux comprendre ces nuances, voici les chiffres moyens par tranche d’âge :

  • Ménages de moins de 30 ans : 8 % de taux d’épargne, 1 638 € d’épargne moyenne
  • 30-39 ans : 9 %, 2 345 €
  • 40-49 ans : 11 %, 3 239 €
  • 50-59 ans : 18 %, 5 893 €
  • 60-69 ans : 18 %, 5 935 €
  • 70 ans et plus : 25 %, 8 657 €

Derrière ces moyennes, d’autres fractures se dessinent. Parmi les 20 % de Français les plus aisés, le taux d’épargne grimpe à 28 %, tandis que les 20 % les moins favorisés doivent se contenter de 3 %. L’INSEE situe la moyenne nationale à 18,2 % pour 2024. Côté professions, les indépendants, professions libérales et retraités agricoles dépassent les 35 %, et la région parisienne domine le classement avec une épargne moyenne de 61 064 €.

Le patrimoine net médian affiche 124 000 €, mais la dispersion reste forte : entre 20 et 30 ans, on parle de 17 300 €, puis 137 100 € à 30-39 ans, et plus de 200 000 € autour de 60 ans. La composition du ménage, la catégorie socioprofessionnelle ou le genre pèsent aussi lourd dans la balance : les hommes mettent plus souvent de côté, et pour des montants plus élevés que les femmes. 73 % des foyers déclarent épargner chaque mois, mais le montant varie énormément selon le niveau de vie ou la région.

Quels repères financiers adopter à chaque étape de la vie ?

Dès la première fiche de paie, il s’agit de construire une épargne de précaution : trois à six mois de salaire sur un Livret A ou un LDDS. Ce filet de sécurité évite bien des soucis quand un imprévu survient. Les chiffres le montrent, l’effort d’épargne doit coller à vos moyens et à votre mode de vie. À 30 ans, pas question de viser trop haut, mais prendre l’habitude change la donne sur le long terme.

Arrivé à 40 ans, les recommandations internationales sont claires : il est judicieux d’avoir mis de côté entre un et trois ans de salaire, selon Fidelity ou la Banque Nationale du Canada. Les Français de cette tranche d’âge possèdent en moyenne 33 633 € sur leurs produits d’épargne, pour un taux d’épargne de 11 %. Leur patrimoine net médian dépasse les 110 000 €, résultat de plusieurs années de placements, d’achat immobilier ou d’héritage (60 % du patrimoine total vient de transmissions).

Passé le cap des 50 ans, les priorités changent : il faut songer à la retraite, anticiper une éventuelle perte d’autonomie, ou soutenir ses proches. Les repères évoluent encore : six ans de salaire à 50 ans, si l’on suit les recommandations de Fidelity. L’assurance-vie, le plan d’épargne retraite (PER) ou l’immobilier prennent le relais. Près de 62 % des Français détiennent un bien immobilier et près de la moitié des 40-49 ans possèdent une assurance-vie ou un PER.

On l’observe : à mesure que l’épargne croît, en volume et en diversité,, la préparation aux imprévus, à la transmission du patrimoine et aux projets de vie devient plus solide.

Mains diverses organisant des graphiques financiers sur un bureau

Des conseils pratiques pour mieux préparer sa retraite et ses projets

Pour avancer, il faut organiser ses finances avec rigueur. Une règle simple donne le ton : la règle des 50/30/20. 50 % pour les charges fixes, 30 % pour les envies, 20 % pour l’épargne. L’idéal ? Mettre de côté dès que le salaire arrive, avant même de régler les factures. Programmer des virements automatiques vers un Livret A, un LDDS ou une assurance-vie permet d’épargner sans y penser. L’INSEE le confirme : 73 % des Français mettent de côté chaque mois, entre 240 et 255 euros en moyenne.

Si l’objectif est la préparation de la retraite, diversifiez les supports. L’assurance-vie reste incontournable, mais le PER attire de plus en plus, avec une logique de long terme et une fiscalité avantageuse. L’immobilier, résidence principale ou SCPI, complète la panoplie, pour sécuriser un toit et construire un capital qui se transmet. À 60 ans, l’épargne moyenne approche des 6 000 euros, seuil qui doit permettre d’anticiper les imprévus, notamment la dépendance.

Adaptez votre stratégie à vos ambitions et à votre tolérance au risque. Un célibataire d’une trentaine d’années n’a pas les mêmes priorités qu’un couple de cinquantenaires. Automatisez l’épargne si besoin, et variez les placements : actions, obligations, private equity, immobilier. Ajustez la part de liquidités en fonction de vos horizons. À chaque étape de la vie correspond une répartition différente, mais le fil conducteur reste : constance, adaptation, anticipation.

Construire une épargne adaptée, c’est se donner la liberté d’agir, aujourd’hui comme demain. Le choix appartient à chacun, mais la discipline et la régularité font la différence, année après année.

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